Redball

affiche_Redball_1999

Dans la série, « Mais qu’est ce que c’est que ce film sur lequel je tombe à chaque fois que j’écume les bacs des DVD pourris à 2 euros« , le Drive In s’empare cette fois d’un film bizarre autant qu’étrange que je qualifierais d’australien, à défaut de mieux.

Redball, réalisé en 1999 par Jon Hewitt, est un polar qui aurait tout pour passer inaperçu au premier abord. En lisant le dos du DVD, c’est la Bérézina. Encore une histoire de policiers corrompus. Encore un film de meurtres en série, perpétrés sur des enfants, ce qui ne fait que renforcer le côté glauque, au risque de rendre le lecteur de la jaquette un peu plus suspicieux.

Mais le pire, c’est quand, ayant acquis le DVD par un soir de faiblesse, déjà convaincu que sa présence pléthorique dans les dépôts-vente est l’assurance d’un film moyen, médiocre, même pas assez nul pour conférer au statut de nanar culte, vous vous décidez enfin à l’offrir en pâture à votre lecteur qui vous regarde d’un sale œil et songe déjà à vous dénoncer à la DDASS pour malnutrition.

Dès les premières images, vos soupçons se confirment : l’image est moche et sombre, comme filmée avec la vieille caméra vidéo qui vous servait à capturer le mariage de votre frère ou le divorce de votre sœur. Triste comme un épisode de Derrick que le chef op’ aurait oublié d’éclairer…

Et pourtant !

Redball et son esthétique sinistre est un polar exceptionnel qui vous fait plonger dans une enquête dont nul ne sortira indemne. Ni nos anti-héros qui mènent l’enquête à reculons, d’autant plus embarrassés qu’elle les ramène progressivement au commissariat dont ils dépendent. Ni aucun des personnages de cet univers suffocant, s’enfonçant lentement dans la violence souterraine du monde moderne, mais aussi dans les lourdeurs administratives, la bêtise, les fausses pistes, et la poisse qui semble se propager plus vite qu’un virus de grippe mexicaine. Ni le spectateur qui sent petit à petit la sueur perler à son front, la nausée lui remonter à la gorge, et un sombre désespoir monter des tréfonds de son âme.

Finalement, on s’habitue à tout, à la noirceur insondable et à l’esthétique froide d’un film qui révèle une sacrée femme flic, l’actrice Belinda MacClory, et un réalisateur qui dix ans après, s’apprête à sortir Les Acolytes dont on espère qu’il connaîtra une vrai sortie salle. En attendant, procurez vous son premier méfait, Redball, pour deux euros.

Tout au long du film, une intrigue parallèle montre comment un corps descend la rivière, négligé par des policiers qui ne veulent pas s’encombrer de la paperasse qui accompagne la découverte d’un nouveau cadavre.

C’est un peu ça Redball, un film qu’on aurait préféré ne pas voir mais qui suit son court tranquillement sur le fleuve de notre imaginaire.


Redball se trouve dans n’importe quel bac de DVD bradés. 2 € maximum, il faudrait être fou pour dépenser plus.

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