Les Cahiers du Cinéma

cahiers

Il y avait bien longtemps que je ne vous avais pas proposé un sujet d’énervement.

Ou que je ne vous avais pas infligé un sujet d’énervement. Comme vous voulez.

Il faut dire que de ce côté-là je tournais un peu en rond.

Les plans marketings qui nous trompent sur la marchandise, le déresponsabilisation des éditeurs qui nous prennent pour des gogos, le manque d’imagination et d’audace des producteurs qui resservent toujours la même soupe… je pourrais en écrire des pages.

Mais je ne voulais pas non plus tomber dans ce que j’avais dénoncé et vous proposer par exemple Les entretiens et commentaires contenus dans ce programme constituent des éléments de divertissement volume 2.

Non, non, je ne mange pas de ce pain là…

Il fallait trouver un nouveau sujet d’énervement.

Ça, c’était facile…

Un nouveau sujet d’énervement qui parlait de cinéma.

Et ça, c’était plus dur…

Il faut dire que depuis quelques temps je m’étais emballé pour bon nombre de films. J’avais enfin retrouvé cette sensation de manque lorsque le générique arrive, cette envie que le film ne se termine pas.

Ça y est, j’avais retrouvé mon air bête à la sortie de la salle lorsque quelqu’un me demandais « tu as aimé » et que les seuls mots qui venaient étaient « Ah ! Ouais ! Putain ! C’est bien ! »

Puis, la semaine dernière…

…j’ai lu les Cahiers du Cinéma.

Bon ça avait déjà mal commencé arrivé à la caisse du tabac.

5€90

5€90 — 5€90 !

Souvent j’ai lu des articles sur le malaise de la presse française qui ne se vend pas assez et plus particulièrement la presse cinéma.

Le dernier exemple en date étant l’arrêt prochain de la parution de Studio et de Ciné live pour ne faire qu’un titre Studio live. S’ils sont rachetés par L’Oréal, ils ont déjà leur spot télé.

Donc la presse cinéma se vend mal.

Tu m’étonnes ! 5€90…

Ma première erreur a été de ne pas le reposer en inventant un truc comme quoi j’ai oublié mon portefeuille ou je ne sais quoi.

Ma deuxième erreur a été de le lire.

Plus je lisais, plus je tournais les pages, plus je sentais l’énervement monter en moi. Jusqu’à ce que ça ne devienne plus tolérable et que je le referme définitivement.

Les texte étaient si médiocres que j’ai pensé un instant postuler comme rédacteur.

Lignes après lignes,

articles après articles

l’absence d’amour du cinéma transpirait.

Diamétralement opposé à ce que nous essayons de faire ici

Les temps ont bien changé !

Et Les Cahiers du Cinéma aussi !

Les entretiens et commentaires contenus dans ce programme constituent des éléments de divertissement.

Les entretiens et commentaires contenus dans ce programme constituent des éléments de divertissement.

Les points de vue et opinions exprimés sont ceux des intervenants et ne représentent pas nécessairement ceux de Sony Picture Home Entertainment, Sony Picture Entertainment, de l’une ou l’autre de leurs filiales ou employés.

Ce petit laïus vous pouvez le lire juste avant le début des films édités en DVD par Sony Pictures (et donc Columbia et Tristar ce qui veut dire une très grande partie de l’édition DVD commerciale).

Quand je dis vous pouvez le lire, c’est manière de parler, faut être un pro de la lecture rapide, ça ne reste pas longtemps à l’écran.

En plus, ce carton apparaît juste après que vous avez sélectionné « lancer le film ».

Et pour tous ceux qui, comme moi, préfèrent regarder le films en version originale sous titré, vous savez que « lancer le film » est l’aboutissement d’un long processus de manipulation de la télécommande.

En effet, dans la majorité des cas, il y a un menu pour sélectionner la langue et un menu pour sélectionner les sous titres. Et quand il s’agit du même menu, une fois que vous avez sélectionné la langue, hop ! retour au menu principal, et rebelote pour sélectionner les sous titres.

Donc, lorsque enfin vous appuyez sur « lancer le film », vous penser pouvoir vous affaler sur votre canapé. Et là, le fameux carton. Votre attention s’est relâchée pendant que vous vous affaliez. « Qu’est ce qu’il y avait écrit ? Qu’est ce qu’il y avait écrit ? J’ai juste vu le carton passer puis plus rien… Qu’est ce qu’il y avait écrit ? Ca concerne le film, je vais rien comprendre, c’est important, vite retour arrière »

Les entretiens et commentaires contenus dans ce programme constituent des éléments de divertissement.

Les points de vue et opinions exprimés sont ceux des intervenants et ne représentent pas nécessairement ceux de Sony Picture Home Entertainment, Sony Picture Entertainment, de l’une ou l’autre de leurs filiales ou employés.

Passé la stupeur – on s’est quand même redressé après un affalement – on se dit mais à quoi ça sert ? De quoi ils ont peur ces gens de Sony Picture Home Entertainment, Sony Picture Entertainment, l’une ou l’autre de leurs filiales ou employés ? Qu’on soit choqué par le film et que du coup on leur fasse un procès ? Mais ce film on l’a choisi, on l’a acheté ou loué, personne ne nous oblige à le regarder. Et si ça nous plait pas, en règle générale, on s’en prend au réalisateur, aux comédiens, au scénariste, plus rarement, mais ça peut arriver quand même.

Mais en aucun cas on va dire Sony Picture Home Entertainment, Sony Picture Entertainment, l’une ou l’autre de leurs filiales ou employés c’est des gros nazes d’avoir acheté ce film, je vais leur demander un dédommagement.

En fait, ce qu’ils nous disent avec ce carton, c’est « nous, on ne veut pas de vagues, on veut juste votre argent. Ce qui vous plait, ce sont des films avec de la violence, des meurtres, du sexe ? OK. On vous les vend, mais les points de vue et opinions exprimés sont ceux des intervenants et ne représentent pas nécessairement ceux de Sony Picture gnagnagnagna »

Et ça, je vous promet, ça m’énerve.

Ca m’énerve !


	"Ceux qui trouvent que dans le Saw 6 ça meurt tôt
	devraient retrouver le moral dans le Saw 7"

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Jan Jouvert revenu,
oui, bon, au départ, je devais faire cette chronique la semaine dernière, mais, comme vous le disait Jan, à l’instar des chanteuses françaises, je n’avais plus de voix. Ou quand j’en avais elle ressemblait singulièrement à celle de Tricky. Pour ceux qui ne connaissent pas ce chanteur de Bristol, ça fait peur !
Du coup la semaine dernière, c’était cohérent de dire Jan Jouvert revenu, puisqu’il s’était absenté peu de temps avant, que j’avais fait une chronique qui commençait par Jan Jouvert absent, du coup, c’était bon…
Mais enfin…
Jan Jouvert revenu, donc, nous avons droit à nouveau au mythique Bienvenue au drive-in, chronique des curiosités et des films pas chers.
Oui, non, pas la semaine dernière, je sais. Mais en même temps, c’est un peu de ma faute, j’ai prévenu super tard de mon absence et comme je n’avais plus de voix, je ne suis pas sûr qu’ils aient compris tout de suite.
Jan Jouvert revenu, disais-je donc, nous avons droit – normalement – au mythique Bienvenue au drive-in, chronique des curiosités et des films pas chers.
Sauf la dernière fois. C’était à l’occasion de l’anniversaire de Barbara Steele. Et pas un film pas cher…

Jan Jouvert revenu, je tenais à lui dire qu’en fait Jan, je ne comprends rien à ta chronique.
Note : je suis très content que tu la fasses, régulièrement, tel un métronome. Et puis nous comme ça, en fin d’émission on peut enfin souffler, regarder nos SMS, aller boire un verre ou sortir fumer une clope.
De toute façon, ça ne se bouscule pas au portillon pour la chronique de fin d’émission.
Bon, OK, nous avons dressé un cordon sanitaire autour de Cédric, pour qu’il ne lise pas à l’antenne sa biographie de Stallone dont je vous ai lu un extrait la dernière fois. Là, il en est au tome 2, au moment où le jeune Sylvester, 7 ans, se fait chouraver son vélo par le petit Chang, fils de l’épicier vietnamien de son quartier.

Jan Jouvert revenu, nous avons droit – normalement – au mythique Bienvenue au drive-in, chronique des curiosités, des films pas chers et des actrices qu’il aime bien.
Mais ce que vous ne savez pas, auditeurs, c’est que Jan Jouvert revenu, Julie, Cédric et moi, nous avons droit à des « allez faites-en des chroniques vous, y’ a pas de raisons que ce soit que moi qui m’y colle. Cédric, à part Stallone et Carpenter, tu ne voudrais pas parler d’autre chose ? Non !
Julie, t’as bien un truc à dire sur quelque chose…
Bon, alors Erik, la prochaine, c’est toi qui la fais. Un jour tu m’as dit que les suite t’énervaient, alors t’as qu’à faire une chronique qui s’appellerait Erik s’énerve et qui parlerait de ça.
»
Autant vous le dire : ça m’a laissé sans voix.
Mais c’est vrai, je trouve extrêmement énervant, ce phénomène – pas nouveau – de faire une suite à tout et n’importe quoi.
J’ai l’impression – et je crois que ce n’est pas qu’une impression – qu’on nous prend pour des gogos. Il y a des dizaines et des dizaines d’exemples.
Les suites ne font que reprendre les mêmes personnages et les mêmes enjeux.
Le mot d’ordre semble y être plus : plus de budget, plus de publicité, plus d’effets spéciaux, plus d’explosions, plus de morts, plus de sang, plus de sexe… plus de plus. Le personnage est mort ? Mais c’est celui qui plait le plus au public ? Ce n’est pas grave : on aurait conservé son ADN et une organisation secrète le clonerait et cette fois il se battrait contre des méchants encore plus méchants, mais comme il est encore plus gentil et encore plus puissant, il gagnerait encore plus.
Comme ça, dans le 3 on apprendrait que l’organisation secrète qui l’a cloné, en fait, c’était eux les vrais méchants et ils seraient encore plus méchants que dans le 2.

Et là, dernièrement, le championnat du monde du foutage de gueule a été emporté haut la main par les producteurs d’Alien vs Predator, qui, non contents d’avoir dépensé l’équivalent du PIB d’un pays africain pour une des plus grosses merdes du cinéma mondial, remettent le couvert avec Alien vs Predator 2.
Déjà les suites de Prédator n’étaient pas à la hauteur du mauvais premier volet ; les suites d’Aliens étaient assez inégales. Surtout le 2, qui n’a pas été écrit par Dan O’Bannon, par ailleurs scénariste du réjouissant Total Recall mais aussi réalisateur du Retour des Morts Vivants, film auquel Jan a consacré un drive in, chronique des curiosités, des films pas chers et de Barbara Steele.
Alors réunir les 2, franchement…

Ce qui m’énerve donc est cette cynique prise de pouvoir du commercial sur l’artistique.
Le plus bel exemple est, à mon avis, la trilogie Matrix.
Si le premier volet était, malgré ses défauts, étonnant, inventif, subversif, limite marxiste, (c’est un film que je compare d’ailleurs souvent de ces points de vue à Fight Club ou à Bienvenue à Gattaca) il n’y avait aucune raison artistique de produire les deux bouillies suivantes. Mais commercialement c’était le jackpot.
Et encore, nous n’avons pas eu droit à la masse de produits dérivés engendrés par l’hexalogie Star Wars
Oui, hexalogie : saga en 6 volumes – et James Bond est une icosihenalogie : 21 épisodes et deviendra une Icosikaidilogie avec la sortie le 5 novembre 2008 du 22e épisode.
Mais j’en étais aux produits dérivés, parlons en.
Des bonus DVD aussi.
Non mais c’est vrai quoi, on a l’impression que les films qui sortent en salle ne sont que la bande annonce du DVD.

Mais bon, ce sera le sujet d’un autre énervement.

A éviter, absolument…

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Jan Jouvert absent, nous n’avons pas droit à un bienvenue au drive-in, chronique des curiosités et des films pas chers. Donc pas de Enmurée vivante , ni de Blackula ou autres Cherie 2000 que seul Jan sait nous faire apprécier.
Oui, je l’avoue, après son drive-in sur Dracula au Pakistan, j’ai acheté le DVD en devenant ainsi… l’unique acheteur

Que faire donc pour cette chronique de fin d’émission ?

Nous avons bien pensé faire venir Michel pour sa chronique irrégulière « les films que y’a que Michel qui les a vus », mais l’adjudant Julie, ici présente, lui a demandé de choisir un film en rapport avec le thème du jour.
Ce que Michel a catégoriquement refusé en argumentant que : « non, moi les films que ya que moi qui les ai vus sont islandais, norvégiens, suédois, voire australien, mais là Erik il a du les voir aussi et puis j’aime pas trop ton autoritarisme, je ne sais pas comment il font les autres pour le supporter… c’est peut être grâce à ta voix sensuelle. »

Il ne restai plus que nous : Cédric, Julie et moi.
Julie, vexée, boudait dans son coin, proposa tout de même une chronique qui parlerait des films qu’elle n’avait pas vu. Puis se ravisa pensant que du coup, elle n’aurait plus rien à dire pour l’actualité.

Cédric sauta alors sur l’occasion pour en proposer une, qui selon lui, remplacerai avantageusement le drive-in, a savoir, la biographie en 12 volumes qu’il était en train d’écrire sur Sylvester Stalonne. « Lasse de douleur, la mère de Sylvester mis bas. Et s’aperçut alors que son enfant était affligé d’un terrible handicap… »

Là j’ai tout de suite mis le hola.
Et puis de toute façon, en l’absence de Jan, c’est moi qui suis le plus vieux, et par voie de conséquence c’est moi qui présente l’émission, qui décide du sujet et qui fait la chronique de la fin.
Et si y’en a un qui bronche, je ressort le bêtisier de l’émission et là y’en a qui vont pas rigoler. Non mais…

Puis surtout, je voulais vous prévenir, vous, auditeurs.
Parce qu’il y a un truc qui m’énerve profondément depuis le 5 décembre dernier.
On vous ment.
Je ne parle pas de nous, dans cette émission. Je parle de toutes les critique que vous avez peut être lu sur le films de Carlos Reygadas, Lumière silencieuse.
Des critiques qui vous ont peut-être donné envie de le voir
Des critiques qui, quelquefois, frisent la caricature.
Je vous montre :
« Un film délicieusement apaisant à voir absolument ! »
Là je crois que le critique veut dire que le film est lent, long, très austère, que de toute façon vous n’irez pas le voir et que vous devez le croire sur parole.
Ou encore : « un sommet de puissance expressive »
Là, on sait que le critique n’a pas vu le film. Parce que le seul moment expressif c’est un très lent travelling avant sur une télévision qui diffuse Jacques Brel chantant Les bonbons
C’est pas fini : « Lumière silencieuse témoigne d’une volonté de transcendance à travers la recherche d’une certaine forme de perfection visuelle. »
Là, j’ai pas compris. Enfin, les mots, si. Mais c’est quoi « une CERTAINE forme de perfection visuelle » ?
Bon, je vous passe « l’extase mystique », c’est vrai, le film est mystique. L’action se passe dans la communauté mennonite installée dans le nord du Mexique. L’église mennonite est issue d’un courant « anabaptiste » apparu dans le protestantisme, en Suisse au XVIe siècle. Ses membres ont massivement émigré au Canada au XIXe siècle, puis en Amérique centrale au début du XXe siècle. Environ 100 000 mennonites vivent aujourd’hui au Mexique. Mais si vous n’avez pas lu le dossier de presse, ou si vous n’êtes pas historien du protestantisme, ce n’est certainement pas le film qui vous l’apprendra.

Lumière Silencieuse est très certainement un des films les plus insupportables qui m’a été donné de voir. C’est peut être majestueux, artistique, maîtrisé, très beau comme en témoigne le tout premier plan du film : un superbe levé de soleil en temps réel ; mais à aucun moment le film n’est envoûtant, touché par la grâce, les personnages sont comme privés de toute chair, de toute vie.
Lumière Silencieuse est un film qui, à force de se contempler oublie que le spectateur existe, un film qui oublie d’être vivant.

A éviter, absolument.